Déclin des fous de Bassan : une île sous surveillance
(ICI RADIO-CANADA)
PUBLIÉ LE MERCREDI 27 MAI 2015
Un texte d'Alain Labelle
Mais ce sont surtout les changements climatiques qui sont montrés du doigt. Par exemple, en 2012, les températures de l'eau dans le golfe Saint-Laurent étaient de 2 à 4 °C plus élevées que la moyenne des dernières années. Résultat : le maquereau bleu (Scomber scombrus), qui représente jusqu'à 70 % de la diète des fous pendant la reproduction, a tendance à migrer vers le nord et à nager plus en profondeur pour fuir les températures de l'eau supérieures à 15-16 °C.
Les conséquences sont importantes pour les fous, qui ne peuvent pas plonger à plus de 20 m de profondeur. Ces oiseaux n'ont guère d'autre choix que de se déplacer dans des zones de plus en plus éloignées de l'île Bonaventure pour trouver de la nourriture. Ainsi, ils doivent parcourir en moyenne 500 kilomètres pour capturer des proies servant à l'alimentation des poussins. Ce qui est plus du double de la normale.
Les deux parents s'absenteraient plus souvent du nid, en raison de la rareté du maquereau et du temps de plus en plus long consacré à la recherche de nourriture. Cette absence rendrait le poussin très vulnérable aux conditions météorologiques extrêmes et aux assauts des autres adultes, causant le plus souvent la mort des bébés.
Il est donc raisonnable de penser que les périodes pendant lesquelles il est plus difficile pour les adultes de nourrir les poussins pourraient avoir comme répercussion directe une diminution de la croissance des poussins, et indirectement une baisse des nouveaux oiseaux dans la colonie.